Formation à l'éloquence

Les étudiants en gestion se forment à l'éloquence à la Maison d'arrêt !La formation à l'éloquence s'est déroulée à la Maison d'arrêt de Vannes et concerne les étudiants et apprenants de la Prison qui se portaient volontaires à intégrer le projet.

Un projet inédit

La formation à l'éloquence réunie depuis le mois de septembre des élèves de l'UBS et des détenus de la maison d’arrêt de Vannes autour d'un projet d’improvisation théâtrale. Deux jours par semaine, le groupe se réunit au parloir de la maison d’arrêt lors d'ateliers visant à favoriser l’aisance à l’oral, sous l’égide de Yohann Delaunay, comédien et coach en improvisation au sein du collectif YDITH. « Nous sommes la seule maison d’arrêt de Bretagne à réaliser ce projet », confiait Guillaume Blandin à un journaliste du Ouest France. Lire l'article

Faire tomber les préjugés

Pour sa seconde édition, le Master 2 Contrôle de Gestion et Audit organisationnel avec Stéphanie Tissier a participé au projet. Les quatre étudiantes participant sont Marie, Jeanne, Lise et Alice. Ces dernières ont été séduites par l'ouverture d'esprit de ce projet qui vise à faire tomber les préjugés. "La première rencontre s’est très bien passée, on s'est vite senties à l’aise avec les garçons. On s’est rapidement rendu compte que c’ était des jeunes comme nous" nous répond Jeanne quand on l'interroge sur son ressenti suite à la première séance. La formation a permis aux élèves d'effacer cette peur de prendre la parole en public. Les résultats sont immédiats, puisque le 9 novembre Marie intervient pour parler de son Master au Forum Parcours de Formation et débouchés et elle nous l'assure, avant la formation à l'éloquence elle aurait sans doute été beaucoup moins à l'aise devant un public composé d'une centaine d'élèves !


 

De la théorie à la pratique

Ces ateliers mettent en place deux équipes issues de mondes différents, détenus de la maison d’arrêt de Vannes et jeunes majeurs universitaires, qui vont, non pas s’affronter, mais s’unir pour défendre leur idée sur un thème. Le groupe s'est retrouvé au cours de deux séances de deux heures par semaine, accompagné de Yohann Delaunay, Guillaume Blandin, responsable local de l’enseignement au sein de l’établissement pénitentiaire et Sarah Dhardiville, directrice pénitentiaire d’insertion et de probation. Différents exercices ont été mis en pratique autour de la gestuelle, de l'occupation de l’espace, de la concentration, de la posture, de la voix et du regard. Cette formation permet aux huit participants d'apprendre les bases de l’improvisation théâtrale et a donné lieu à une représentation finale le vendredi 29 octobre à la Maison d'arrêt de Vannes. En mode théâtre d'improvisation, les jeunes ont enchaîné pendant une heure, des mini scénettes co-imaginées, "c'est un art d'improviser" nous explique Yohann leur coach et animateur.
Malgré tout selon un enchainement de figures imposées, les jeunes s'expriment et la parole se fait plus spontanée.
Le premier tableau d'image nommé "1er contact" met en scène le projet en lui même. Les acteurs doivent alors construire un tableau gestuel imagé reconstituant : l'annonce du projet, puis le 1er jour, la première gloire et enfin l'annonce de la restitution devant un public.
Puis une série d'exercices s'enchaîne : "j'accuse", "je majeur / jeu mineur", "je joue" qui à l'aide d'un thème imposé donné au dernier moment par Yohann permet aux étudiants et détenus d'élaborer des scénarios improvisés selon une méthode apprise pendant les temps de formation.

La langue comme marqueur social

L'objectif principal de ce projet est de travailler sur la langue comme marqueur social. La façon de parler prend une place importante dans la personnalité d'une personne, et est l'une des premières choses à laquelle nous sommes confrontés lors d'une rencontre. C'est pour cette raison, que cette formation permet d'aider le groupe dans sa prochaine réinsertion sociale et professionnelle, en "améliorant son niveau d'éloquence et en étant plus à l'aise à l'oral" précise l'un des détenus.
Ces ateliers ont permis au groupe d’être mieux outillé pour se confronter à différents milieux, comprendre des profils d’individus qui leur sont différents, exprimer leur opinion, se faire entendre, respecter l’autre et se faire respecter en société.
Ce dispositif permettra notamment à l’étudiant de prendre plus aisément la parole en public, découvrir et révéler ses potentialités, améliorer sa confiance en soi.

Une expérience enrichissante

Ce projet, du fait de sa spécificité avec le milieu carcéral, permet également de baisser les représentations sociales que des étudiants peuvent manifester à l’égard de personnes, en apparence, très différentes par la conduite d'ateliers en mixité.
En plus de l’apport personnel du projet, celui-ci participe à la remise de peine des détenus et représente également une aide à recherche d’emploi.
Le groupe a vécu cette expérience comme une réelle opportunité d'ouverture d'esprit et d'apprentissage. Lors du tour de table de fin de représentation : le bilan est très positif pour tous, l'animateur admire la performance et la cohésion du groupe en un laps de temps si réduit et admire la créativité et le respect des consignes, les étudiantes de l'UBS très investies dans le projet sont fières d'avoir surmonté leur trac et appréhensions du début du projet, les détenus revendiquent "un réel plus" dans leur parcours avec un gain de confiance en soi et une fierté d'avoir joué devant un public.