Programme intensif

Programme Unicah. Dans la peau d'un réfugiéRémi Renard, étudiant à l'Ensibs de Lorient, a vécu le quotidien d'un réfugié entre le 9 et le 13 avril, dans le cadre du programme Unicah. En immersion aux Canaries (Espagne), le jeune homme de 21 ans a pu se rendre compte des difficultés rencontrées par les migrants. Crédit © Le Télégramme

Dormir à même le sol, les vêtements trempés, sans avoir pris de douche, le ventre creux et la gorge sèche. C'est à peine la moitié de ce que vivent réellement les réfugiés qui tentent de rallier l'Europe. Mis sur pied par l'université de Las Palmas (Espagne), en partenariat avec quatre autres établissements européens (dont l'Université Bretagne-Sud), le programme Unicah a invité 70 étudiants du monde entier à passer une semaine en immersion aux Canaries, du 9 au 13 avril. Une destination qui n'avait de paradisiaque que le nom. Ici, pas d'hôtels 3 étoiles, de plages paradisiaques ni de palmier dans le cocktail. Au contraire, on se rapprochait plutôt de l'ambiance militaire, façon émission de téléréalité à la sauce survie. « Nous sommes arrivés à Las Palmas le samedi. Les deux premiers jours, nous étions libres de nous promener et de visiter la ville. On en a bien profité parce qu'il fallait se préparer au pire », témoigne Rémi Renard, étudiant en deuxième année de génie civil industriel à l'Ensibs de Lorient.

Une nouvelle identité

À 21 ans, le jeune homme était déjà de la partie lors de la première édition du programme Unicah qui s'était déroulée à Pavie (Italie). Là-bas, il avait principalement « assisté à des débats et des échanges autour du développement de la coopération internationale et de l'aide humanitaire ». Peu concerné dans un premier temps par cette thématique, Rémi Renard avait fini par « ouvrir les yeux » suite à ce séjour. La deuxième édition à Las Palmas n'a fait que confirmer son opinion. « On était carrément immergé dans le quotidien d'un réfugié. Le lundi, lors du rassemblement avec les étudiants, l'équipe d'Unicah nous a tous attribué une nouvelle identité. On s'est mis dans la peau d'un migrant, précise l'étudiant lorientais. Moi, j'étais un Éthiopien de 68 ans accompagné de mes trois femmes et de mes enfants. L'idée était de recréer une famille, nous devions nous imprégner de nos personnages. Les deux premiers jours, nous avons dormi à sept dans une cabane minuscule à 1.900 m d'altitude, il faisait froid, à peine 5º. C'était rude ». Des conditions extrêmes qui, en réalité, se rapprochent de celles que les réfugiés peuvent connaître lorsqu'ils tentent d'accéder à l'Europe. Alors au niveau de l'hygiène, de la nourriture et de l'eau, les 70 étudiants ont également dû faire avec les moyens du bord. « On nous a accordé 30 minutes de douche pour tous les participants. Tout le monde n'a pas pu se laver. Pour se nourrir, nous devions aussi nous restreindre et se partager les vivres, confie Rémi Renard. Le mercredi, nous avons marché pendant trois heures pour établir un bivouac sur un terrain de handball en plein air. Une fois sur place, il s'est mis à pleuvoir, le sol était mouillé avant que nous puissions le protéger à l'aide de bâches. On a dormi par terre, une moitié de mon corps était mouillée et l'autre sèche. Ça a été une nuit éprouvante ».

Du jambon du pain et des biscuits

Poussés à bout par les organisateurs, les étudiants devaient alors se serrer les coudes et faire preuve d'un esprit solidaire. Et lutter contre le sentiment de faim. « On n'avait à peine mangé de la journée, il a fallu attendre jusqu'à 23 h jusqu'à l'arrivée d'un camion humanitaire qui a distribué des conserves de pois chiche et de thon ». Les 70 étudiants passeront les deux derniers jours à l'abri, dans un centre la Croix-Rouge. Avec seulement 2 € par personne pour se payer leurs trois derniers repas achetés dans un supermarché du coin. De la macédoine de légumes, du jambon, du pain, des biscuits et du jus d'orange pour le petit-déjeuner. « Nos conditions de vie se rapprochaient de celles des réfugiés. Sauf que nous, on savait que notre expérience allait s'arrêter. Les migrants, eux, vivent comme cela pendant des jours, des mois, voire des années. C'est impossible de se mettre réellement à leur place », commente Rémi Renard. Touché par cette immersion, le jeune étudiant s'est fixé un objectif à l'avenir : trouver un métier en lien avec l'humanitaire « pour aider les gens ».
Crédit © Le Télégramme http://www.letelegramme.fr/morbihan/lorient

Camp international : le programme UNICAH

L’université de Las Palmas des Grandes Canaries, en partenariat avec 3 universités européennes (universités italiennes La Sapienza de Rome et l’université de Pavie et l’Université Bretagne sud) ont proposé 15 places aux étudiants de l’UBS pour participer au regroupement du programme UNICAH qui se tenait du 8 au 13 avril 2018 aux Grandes Canaries (Garñon camping area et Roque Nublo). Ce camp UNICAH, comprenait des ateliers, des débats, des mises en situation, des jeux de rôles, en lien avec la coopération internationale et l’aide humanitaire.

Tous les frais (voyages, hébergement et restauration) étaient pris en charge par l’Université d’accueil via le programme européen Erasmus+/Partenariats stratégiques UNICAH. Les étudiants intéressés par la coopération internationale, l’action humanitaire, les problématiques de développement vers les pays du sud, les problématiques interculturelles, ou encore la logistique internationale, la santé et la sécurité pouvaient faire acte de candidature auprès du service international de l'UBS.