Une valorisation énergétique des étoiles de mer

Une valorisation énergétique des étoiles de merDans le cadre du projet SEMEA (SEchage et MEthanisation des Astéries), le laboratoire IRDL de l’UBS (Institut de Recherche Dupuy de Lôme) a étudié la faisabilité d’une filière locale allant de la récolte jusqu’à la valorisation de cette biomasse invasive, grâce à un process combinant séchage et méthanisation.

Traitement par séchage et méthanisation

Dans le cadre du projet SEMEA (SEchage et MEthanisation des Astéries), le laboratoire IRDL de l’UBS (Institut de Recherche Dupuy de Lôme) a étudié la faisabilité d’une filière locale allant de la récolte jusqu’à la valorisation de cette biomasse invasive, grâce à un process combinant séchage et méthanisation. En plus d’être une solution viable pour l’élimination des étoiles de mer ramassées sur nos côtes, le traitement par séchage et méthanisation de cette biomasse marine pourrait ainsi permettre aux éleveurs de moules d’obtenir un retour économique.

Les étoiles de mer (Astéries)

En Europe du Nord, les étoiles de mer (Astéries) dites communes (Asterias rubens) sont essentiellement présentes dans la mer d’Irlande, la mer du Nord, la mer Baltique et la Manche. Dans plusieurs endroits du globe, les étoiles de mer sont considérées comme des espèces invasives (comme par exemple la destruction du corail en Australie).
En France, les étoiles de mer sont invasives en Sud Bretagne et en particulier dans les zones de mytiliculture du barrage d’Arzal-Camoël situé sur l’estuaire de la Vilaine.

L’étoile de mer y est un prédateur carnivore de moules, coquilles Saint-Jacques, huîtres et autres bivalves. La menace est telle que les éleveurs de moules de bouchot ont évalué des pertes de production à 60% en 2017 contre 30% en 2015. La cause de cette invasion est attribuée au changement climatique (augmentation de la température de la mer et manque d’eau douce lié aux faibles précipitations).


Depuis 2014, les professionnels de la pêche (Syndicat Conchylicole de Pénestin) tentent de maîtriser tant bien que mal l’invasion des étoiles de mer sur les zones d’élevage de coquillages.
Sensibilisée par ses enjeux, la Région Bretagne a contribué à la mise en place d’un système de récolte des étoiles de mer (300 tonnes récupérées) et a étudié les possibilités de valorisation de ce biodéchet marin :

  • Les usines d’équarrissage traitant les déchets de pêche ont refusé d’accepter les étoiles de mer collectées car leurs pieds ambulacraires pourraient entraîner une panne des machines
  • La voie du compostage s’est avérée être un échec car cette biomasse se dégrade lentement et est fortement odorante dans le processus de dégradation aérobie
  • L’extraction de molécules à haute valeur ajoutée à partir des étoiles de mer est également envisageable à condition d’avoir un approvisionnement suffisant afin d’assurer une production industrielle stable

Une autre voie de valorisation de cette biomasse invasive via la méthanisation

En 2017, M. Bruno Calle, co-gérant du GAEC des Moulins de Kerollet à Arzal, contacte le laboratoire IRDL de l’Université Bretagne Sud afin d’étudier une autre voie de valorisation de cette biomasse invasive via la méthanisation.  
Ainsi entre octobre et décembre 2017, le projet a consisté à étudier la faisabilité d’une filière locale (moins de 15 km des côtes) allant de la récolte jusqu’à l’élimination.
Des étoiles de mer sont ramassées dans le parc à moules de M. Bruno Evain, mytiliculteur à Pénestin. Un schéma de procédé combinant une opération de séchage et une méthanisation est expérimenté : l’objectif est de sécher rapidement les étoiles de mer afin de produire une matière première déshydratée inodore, stockable et apte à alimenter en biomasse un méthaniseur.
Un prototype de sécheur industriel qui combine un séchage par jets d’air impactants et intermittents a été utilisé.
La biomasse stabilisée est ensuite broyée en petits fragments, puis mélangée à un consortium bactérien issu de l’unité de méthanisation de la SEM LIGER (Locminé), et introduite en bioréacteur au laboratoire.
L’analyse énergétique a montré que la chaleur générée par le biogaz à partir des étoiles de mer pourrait couvrir entre 22% et 96% de la chaleur totale nécessaire pour l’opération de séchage en fonction de l’optimisation des procédés mis en œuvre.
L’analyse économique a établi que la valorisation du biogaz produit (ou du biométhane après épuration) via la cogénération pour une production combinée de chaleur et d’électricité ou via l’injection directe dans le réseau de gaz naturel pourrait couvrir le coût du traitement. Une génération de profits peut même être envisagée.

Cette étude exploratoire a ainsi donné des résultats très prometteurs.
Le projet SEMEA s’intègre parfaitement dans une démarche de gestion responsable de biodéchets. Il a permis de rassembler les données nécessaires à un projet de recherche de plus grande envergure.