Tara 2019

Deux ingénieurs de recherche embarquent pour TaraMikael Kedzierski et Lata Soccalingame, ingénieurs de recherche à l'UBS au sein de l'Institut IRDL rejoignent la nouvelle expédition 2019 de la Fondation Tara. Mission : aux origines de la pollution plastique.

Comprendre l’origine de ces déchets plastiques

Cette expédition de la Fondation Tara, en partenariat avec le CNRS, démarre le 27 mai 2019 à Lorient, port d’attache de la goélette Tara. Elle sillonnera les mers d’Europe pendant 6 mois et explorera 10 grands fleuves européens : la Tamise, l’Elbe, le Rhin, la Seine, la Loire, la Garonne, le Tage, l’Ebre, le Rhône et le Tibre. L’ objectif de cette expédition est de comprendre l’origine de des déchets plastiques en identifiant leurs sources et leurs impacts sur la biodiversité. L’enjeu est aussi de comprendre quand et comment le plastique se fragmente et se transforme ainsi en micro-plastiques, des particules de taille proche d’un grain de riz.

Collecte et analyse des micro-plastiques

Au total, 40 scientifiques sont tour à tour mobilisés. A bord, c'est par équipe de 4 chercheurs qu'ils vont se relayer durant ces 6 mois. Parmi eux, Mikael Kedzierski et Lata Soccalingame, ingénieurs de recherche à l'UBS au sein du laboratoire IRDL, embarquent en août et septembre prochain pour une mission de 2 à 3 semaines. "A bord, nous travaillons essentiellement à la collecte et au conditionnement des échantillons. Ils seront ensuite analysés à terre en laboratoire". Leur mission : qualifier le volume de micro-plastique collectés et analyser la nature chimique de ces déchets.

Les grands fleuves, l'aspect original de cette mission

"Travailler sur l'embouchure des grands fleuves", c'est l'aspect original de cette mission, ajoutent Mikael et Lata. "Par exemple, un plastique jeté à Paris, après une belle averse, s'échoue dans les systèmes d'évacuation des eaux, puis arrive dans l'embouchure et l'océan." Ces travaux sur les estuaires va ainsi permettre "de mieux déterminer les quantités réelles de plastiques qui se déversent in fine via les fleuves dans les océans".

Un challenge scientifique

Chaque équipe a sa spécificité. "Nous, nous sommes le pôle plastique. Au delà de l'analyse de la nature chimique de ces échantillons, l'idée c'est aussi de travailler notre façon de l'analyser". Depuis 2014, le laboratoire a déjà mis en place différentes méthodes pour analyser de grandes quantités de plastique. Le challenge scientifique pour nos deux ingénieurs est d'automatiser ces systèmes d'analyse des micro-plastiques pour en réduire le temps de traitement. " Plus on ira vite dans l'identification, plus on pourra conduire l'analyse de différents échantillons". Des résultats indispensables pour nourrir la recherche des autres équipes mobilisées pour cette expédition. 

Comment se dégrade le plastique ?

Autre enjeu pour nos jeunes ingénieurs : comprendre la dégradation des plastiques en milieu marin. A l'état de déchet, que deviennent-ils ? Sur ce sujet, les dernières recherches de laboratoires datent de la fin des années 80 ! Ils tâcheront ainsi "d'étudier les conditions de vieillissement de ces plastiques en laboratoire, comparativement à celles en milieu naturel. En isolant la contribution des différents paramètres qui agissent sur leur dégradation, nous pourrions comprendre ce qu'ils deviennent".

Bibliographie

  • Kedzierski, M., Falcou-Préfol, M., Kerros, M.E., Henry, M., Pedrotti, M.L., Bruzaud, S., 2019a. A machine learning algorithm for high throughput identification of FTIR spectra: application on microplastics collected in the Mediterranean Sea. Chemosphere (accepted)

 

  • Kedzierski, M., Villain, J., Falcou-Préfol, M., Kerros, M.E., Henry, M., Pedrotti, M.L., Bruzaud, S., 2019b. Microplastics in Mediterranean Sea: A protocol to robustly assess contamination characteristics. PLoS One 14, e0212088. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0212088