Retour sur la conférence sur les oiseaux

Conférence sur la migration des oiseauxUne petite heure pour aborder un phénomène qui a mobilisé les scientifiques et autres curieux pendant des siècles : la migration des oiseaux. Et une drôle de façon d’inviter les usagers de l’Université à une conférence-discussion, avec un titre interpellant :"Invasions barbares : le Rouge-gorge et ses acolytes ne vous disent pas tout ! "

Pourquoi une conférence-discussion sur la migration ?

Dans un premier temps, il a fallu préparer le terreau :

  • Définir ce qu’est la migration : qu’est-ce que c’est ? ; quels oiseaux sont concernés ? ; comment et quand migrent-ils ?
  • Comment la comprendre et la suivre : observation, baguage, balises GPS...

 

Ensuite, il a fallu mettre le terreau dans un pot, en plaçant la migration dans un contexte particulier : les passereaux qui viennent passer l'hiver à l’UBS.

Cécile Leroux, élève en 3ème année de Licence de Sciences et Vie de la Terre, a réalisé au cours des mois de Novembre et Décembre 2017 un inventaire visant à déterminer quelles sont les espèces présentes, puis elle a effectué la comparaison entre deux zones du campus de Tohannic : un jardin et une friche située derrière le restaurant universitaire.

 
 Le but était de comprendre :

  • Quels oiseaux sont présents et sur quel espace ?
  • Que peut-on faire pour améliorer la qualité d’accueil de ces grands voyageurs sibériens ou scandinaves qui hivernent à l’UBS ?

 La conférence a donc permis de partager ces résultats.

 

Il a fallu ensuite planter une graine : chaque citoyen est un observateur potentiel.

En Bretagne de nos jours, grâces aux outils de communication très performants (appli mobile et Internet) et un tissu associatif fortement mobilisé pour l’environnement (Bretagne-Vivante), il est facile de s’inscrire dans une démarche de science participative.

"Bretagne-Vivante" organise justement chaque dernier week-end de janvier un comptage des oiseaux des jardins, où chaque participant est invité à partager ses observations. Une façon conviviale d’acquérir des données scientifiques tout en sensibilisant le grand public ! Et en espérant que l’idée germe, maintenant…

Les oiseaux parcourent des milliers de km pour venir hiverner sur nos côtes

Au Moyen-âge…

… On était persuadé que les fameuses Bernaches que l’on voyait sur nos côtes en Hiver passaient le printemps et l’été sous forme de Bernacles ! C’était un éclaircissement, justifiant qu’elles ne soient visibles qu’en hiver. La solution la plus probable, bien plus réaliste que de les imaginer parcourir des milliers de kilomètres, nichant au cœur de la Sibérie, hivernant sur les côtes Atlantiques.

Heureusement, les siècles ont apporté et amélioré les connaissances. On sait maintenant quel incroyable trajet ces oiseaux sont capables de parcourir, parfois 5 000 km en ne faisant qu’une seule pause à mi-chemin ! 

Les Bernaches ne sont pas les seules à réaliser ces prouesses, puisque certains minuscules passereaux, les Roitelets (4 grammes), parcourent la même distance !

Et aujourd’hui ?

On définit la migration comme étant « Un trajet qui sépare une zone de reproduction d’une zone d’hivernage ». Il n’y a pas de notion de Sud ou de Nord, puisque certaines espèces (le Macareux moine, par exemple) ne changent même pas de latitude entre ces deux zones ! Les oiseaux ne sont pas poussés par la recherche de chaleur mais uniquement par la recherche alimentaire. Les Macareux moines qui nichent sur les falaises islandaises passent l’hiver… au large des côtes islandaises, tout simplement !

Une survie qui dépend de 3 facteurs : la reproduction, l'hivernage et la mue

Les oiseaux vont devoir organiser leur survie chaque année autour de ces 3 objectifs : se reproduire, passer l’hiver, muer (changer ses plumes). La mue est un phénomène fascinant et complexe, qui pourrait faire l’objet d’une prochaine conférence !

Quand et comment partir en migration pour les oiseaux ?

Les oiseaux sont sensibles à la "photopériode", c’est-à-dire à la durée du jour. Ils réagissent à une durée du jour qui leur indique une date sur le calendrier. Rien à voir avec la température, contrairement aux idées reçues ! Ils savent grâce à la photopériode quand partir, avant de manquer de nourriture. Ça, c’est ce qu’on appelle le "phénotype", l’expression pure de leur gênes, fruit d’une longue évolution.

Mais ce n’est pas tout ! Les oiseaux ne sont pas des petites pendules sans cervelles qui chantent à l’heure programmée, ils s’adaptent aux conditions présentes sur un espace, à un instant T. C’est-à-dire qu’ils sont capables de partir en migration avant que leur « réveil interne » ne leur somme de partir ou de rester si une explosion d’insecte rend l’espace très intéressant pour faire des stocks de graisse… indispensable à leur survie !

 

Le départ en migration est variable selon l'espèce

Le départ en migration est conditionné par la ressource alimentaire et la technique de vol de l’oiseau. C’est donc extrêmement variable selon les espèces ! Le petit Roitelet cité plus haut longera les haies pour rallier la Sibérie à la France (d’où l’importance des trames vertes à l’échelle européenne), tandis que les grands planeurs (Cigognes, rapaces…) utiliseront les courants ascendants pour se diriger vers leurs quartiers d’hiver. Qui dit « air chaud » nécessaire aux courants ascendants, dit départ en Juillet-Août. Les Hirondelles, comme les Roitelets, peuvent partir plus tard, sans dépendre des courants ascendants (Septembre – Octobre). Belle illustration permettant de lier technique de vol et date de départ en migration !

Quels oiseaux trouvent-on à l’UBS ?

Certains oiseaux s’épanouissent aussi bien au jardin qu’à la friche. Ce sont des « opportunistes », des espèces non spécialisées dotées d’un bec leur permettant d’aller chercher un large panel d’aliments, dans des lieux différents. Ce sont les Mésanges charbonnières et bleues, le Merle noir, le Rouge-gorge familier, le Pinson des arbres

À contrario, certains timides ne peuplent que la friche : le Grimpereau des jardins, le Bouvreuil pivoine, le Roitelet huppé. Les espèces fréquentant les milieux ouverts se cantonnent au jardin : les Étourneaux sansonnet, la Bergeronnette grise, l’Accenteur mouchet, et la Pie bavarde en font partie.

Accueillir les passereaux hivernant à l'UBS

Attention au nourrissage ! C’est agréable pour l’observateur de voir les oiseaux rassemblés mais cela peut aussi concentrer un nombre important d’individus, qui se transmettront avec aisance virus et parasites. Quel cadeau empoisonné nous leur faisons !

Le nourrissage aide les oiseaux s’il est fait avec parcimonie : pas plus d’une poignée de graine/ une boule de graisse par semaine (même si tout est dévoré en 48h).

L’idéal est de planter des arbres qui produisent des fruits tardifs, en automne. Le Viorne aubier, le Sorbier des oiseleurs, les Aubépines sont autant d’essences qu’il est intéressant de planter dans son jardin.

Évidemment, l’essentiel du travail réside dans l’action de sensibilisation : plus les oiseaux seront connus, plus les espaces seront sauvegardés. Ce qui est bon pour les oiseaux est bon pour l’Homme. Savourons-le !